Dépossession, repossession... Ambition !
- Tara Feyt
- 26 févr. 2024
- 3 min de lecture
La France a peur. Le XV du Coq va mal. Ces joueurs qui nous ont fait rêver pendant 4 ans sont aujourd'hui l'ombre d'eux-mêmes. Et si d'importantes absences sont à prendre en compte, celles de Romain Ntamack et Antoine Dupont en tête, la raison est peut-être à chercher ailleurs. Le bon moment pour parler de stratégie ?
Les débuts : la dépossession
On le sait, le cœur de la stratégie du staff des Bleus entre 2020 et 2022 est la fameuse "dépossession". Un terme auquel Fabien Galthié nous a habitués, traduisant l'ambition de laisser majoritairement la balle à l'équipe adverse pour mieux exploiter ses failles et placer des attaques comme on sait le faire, très French flair, souvent dans le désordre. Des attaques sûrement perçues par nos adversaires comme autant de couteaux dans le dos, tant il doit être frustrant de mener le jeu et se faire punir par l'insolence de ces bloody Français.
Cette stratégie aux allures d'idée de génie a parfaitement fonctionné au début. Dès le premier tournoi de "l'ère Galthié" on manque de le remporter.
Suivra un tournoi 2021 un peu similaire, pendant lequel cette jeune équipe apprend encore, et qui nous passe sous le nez pour peu de choses.
La troisième année sera la bonne, Grand Chelem 2022 à la clé dans la foulée de la victoire historique face aux All Blacks (40-25 le 20 novembre 2021) et domination sans partage d'une équipe qui semble avoir une confiance à toute épreuve que rien ne peut ébranler.

Photo Franck FIFE / AFP
Cette confiance, c'est sur elle que l'on capitalisera pour remporter la tournée de Novembre 2022. Car notre stratégie semble un peu moins efficace face à des équipes qui ont eu le temps de nous analyser et d'essayer de nous contrer. Même menés, on ne panique pas, on s'en remet à un coup de génie de Damian Penaud face à l'Australie ou à un essai en force conclu par Sipili Falatea contre l'Afrique du Sud.
(essai de D. Penaud : cliquez sur la photo pour afficher la vidéo)
Photo Icon Sport/Sandra Ruhaut
Passage express à la repossession
Mais force est de constater que les autres nations travaillent aussi et savent davantage adapter leur jeu au nôtre.
À l'entame du tournoi 2023 apparaît alors le concept de "repossession", qui veut que l'on tienne un peu plus le ballon mais qui ne s'assume pas complètement.
Un début de compétition poussif, 18 fautes en Italie puis défaite contre le XV du Trèfle ; ne pas paniquer et s'en remettre à un tour de force individuel ne suffit plus.
Cette fessée irlandaise aura au moins eu le mérite de nous remettre les idées en place. La suite du tournoi prendra des allures d'épopée avec cet historique 53 à 10 à Twickenham.
La fin de l'année 2023 est connue : la désillusion au soir du 15 octobre face à des Sud-Africains qui nous ont pris à notre propre jeu est encore présente dans tous les esprits.
Le temps de l'ambition
Aujourd'hui s'ouvre une nouvelle ère : l'ère "Galthié 2". Staff remanié. Dépossession, repossession, on ne sait plus trop.
Et si on parlait d'ambition ? Car, après tout, l'effectif est là. Comment imaginer que ces joueurs dont on connaît toutes les qualités soient devenus mauvais ? Non, la vérité est ailleurs. Certes des éléments-clés manquent. Mais d'autres sont présents. Et même si certains sont un peu moins performants, la notion de groupe qui transcende a toujours primé. Aujourd'hui le groupe a l'air tristement perdu...
Et pourtant nos Bleus sont capables de tout, ils l'ont assez prouvé par le passé. On ne peut pas avoir des joueurs si talentueux et manquer d'ambition. On ne peut pas avoir des joueurs qui évoluent tous les weekends dans ce qui est souvent cité comme "le meilleur championnat du monde" (le Top 14) et manquer d'ambition. On ne peut pas prétendre gagner une Coupe du Monde et manquer d'ambition.
Alors ayons aujourd'hui l'ambition d'assumer notre statut, notre talent, nos compétences certaines. À chaque coup de pied on rend la balle à l'adversaire et on lui laisse faire le jeu. En quart de finale on a fait l'erreur d'attendre que la victoire vienne de l'extérieur : des fautes sud-africaines, des décisions de l'arbitre. Il est temps de nous faire confiance et de prendre en main notre destin.
Plus qu'une philosophie de jeu, c'est une philosophie de vie.
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