Une des grandes raisons pour lesquelles on aime fondamentalement le sport, c’est la somme d’émotions qu’il fait vivre.
Partie 3 : Pourquoi tant d'amour ?
Quand on soutient des athlètes, des équipes, on vit de grandes joies mais aussi beaucoup de déceptions. Les inconditionnels de "Poupou", l'éternel second du cyclisme, ont connu quelques désillusions. Les supporters du XV de France gardent des souvenirs cuisants des Coupes du Monde successives, jusqu'à la dernière en date.
Alors au-delà de l'excitation et de l'adrénaline apportées par la passion sportive (voir Les émotions du sport - partie 2), pourquoi laisse-t-on entrer ces émotions dans sa vie ? Pourquoi aime-t-on avoir peur pour des personnes qu'on ne connaît même pas ? Pourquoi adule-t-on ces mêmes personnes ?
La vie de supporter comporte ses moments de désespoir. (photo Pablo Porciuncula / AFP)
1) Le besoin de héros
C'est une opinion toute personnelle mais il nous semble que l'être humain, dans sa chair la plus profonde, a besoin d'admirer. Admirer le talent d'un Mozart, d'un De Vinci, d'une Claudel. Admirer ce que d'autres créent de leurs dix doigts quand lui-même en est incapable.
Lever la tête vers le beau, vers l'inatteignable. Vers l'inaccessible étoile.
Lever la tête vers l'abnégation de ces champions qui s'entraînent quotidiennement pour effectuer le geste juste, pour donner le meilleur d'eux-mêmes, pour puiser dans leurs limites afin de lever les bras les premiers.
2) Le besoin de divertissement
Une compétition sportive est avant tout un spectacle. Pendant quelques heures, comme au cinéma, on oublie son quotidien et on s'abandonne au show.
Les empereurs romains distribuaient déjà à leur peuple panem et circenses, "du pain et des jeux". Les champions modernes sont les nouveaux gladiateurs et, au plus près des compétiteurs ou derrière l'écran de sa télévision, on profite du spectacle offert par les athlètes eux-mêmes comme des traditions qui les accompagnent. Comment imaginer un match de rugby sans bandas ? Une étape de montagne sans caravanes et barbecues ? Un Roland-Garros sans panamas ? On s'évade et ça fait du bien.
3) Le besoin d'appartenance
L'homme, cet "animal social" défini par Aristote, aime se regrouper autour de valeurs communes. Le sport en est un excellent vecteur. Outre la solidarité et le dépassement de soi, on aime aussi se réunir autour d'athlètes que l'on soutient parce qu'ils nous représentent, souvent géographiquement, parfois pour d'autres raisons. "Oh, cette coureuse est originaire de la même région que moi." "Tiens, j'ai appris que ce nageur avait mené le même combat personnel que moi." On n'est jamais aussi fier d'arborer le bleu-blanc-rouge que pendant une compétition sportive. La France en finale de la Coupe du Monde de football ? "Je n'aime pas le foot mais je vais regarder, parce que c'est la France, quand même."
Le meilleur exemple en est sans doute les Jeux Olympiques, où l'on prend plaisir à regarder des sports dont on ne comprend pas les règles, simplement parce qu'un Français dont on ignore le nom est en lice. Et on exultera s'il gagne !
4) L'empathie
Conscients que nos héros des temps modernes sont avant tout des êtres humains, avec leurs forces et leurs faiblesses, leurs moments de gloire et leurs coups durs, nous vibrons autant pour eux que pour nous-mêmes.
Romain Ntamack qui se blesse un mois avant le début de la Coupe du Monde de rugby en France, quel déchirement... d'abord pour lui ! Les messages de soutien postés sur ses réseaux sociaux sont pléthore, on tente de le consoler comme on peut.
Juillet 2023, le bouillonnant "virage Thibaut Pinot" est créé pour rendre hommage au champion à l'occasion de son dernier Tour de France. Quelle carrière, que de souvenirs, que de moments de bonheur... Et c'est bien avant tout pour lui qu'on ressent de la joie et de la fierté !
Dans un monde où tout ce qui nous entoure est loin d'être rose, prendre fait et cause pour une poignée d'hommes et de femmes en maillot est pour beaucoup d'entre nous une distraction viscérale et salutaire. Joie, peine, colère, attachement, soulagement, libération... L'expression de la vie, quoi !
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